Bonne année à toutes et à tous ! Pour célébrer la nouvelle année et le premier anniversaire de ce blog, je vous propose de partager mes réflexions et prévisions en matière de Web Analytics pour l'année 2010.
Tout d'abord, quelques mots sur 2009, qui fut l'année la prise de conscience en France du retard en matière de Web Analytics et de la nécessité de se mettre à niveau, comme en témoigne notamment le succès du livre que j'ai co-rédigé avec Jacques Warren (1 000 exemplaires vendus en moins de 3 mois) et le décollage spectaculaire des Mercredis des Web Analytics à Lille (140 participants pour 120 places lors du dernier événement au salon VAD E-commerce). Toutefois, si le Web Analytics a suscité beaucoup d'intérêt en 2009, la mise en œuvre concrète de la démarche de Web Analytics reste encore assez limitée en France par rapport aux autres pays européens, notamment en Angleterre, Allemagne, Benelux et Scandinavie.
2010 va être une année charnière pour l'adoption du Web Analytics en France, où les entreprises vont vouloir mettre en place de manière plus approfondie la démarche de Web Analytics tout en étant très regardantes en matière de retour sur investissement. Il y a donc une responsabilité collective pour l'ensemble des éditeurs, des agences et des consultants Web Analytics de bien gérer les attentes de leurs clients. Le Web Analytics peut en effet contribuer à améliorer considérablement la performance des sites Web, mais ne peut pas résoudre l'ensemble des problèmes d'ergonomie, de stratégie, de marketing et d'organisation.
Pour 2010, l'utilisation du Web Analytics s'inscrira dans les 5 grandes tendances de fond suivantes :
- #1 : le développement du multicanal : il est de plus en plus rare de rencontrer des entreprises qui n'ont pas au minimum une réflexion sur le multicanal, quand ce n'est pas un plan d'action. Ceci va nécessiter d'intégrer les données comportementales issues du site Web avec les données des canaux traditionnels.
- #2 : l'optimisation des différentes actions marketing online et offline : en période de restriction budgéraire et de ralentissement économique, les annonceurs seront de plus en plus sensibles à l'optimisation de leurs budgets publicitaires, ce qui va nécessiter de pouvoir mesurer et intégrer les données des différents canaux publicitaires online et offline.
- #3 : la place centrale des médias sociaux sur l'Internet : les consommateurs interagissent de plus en plus avec les marques sur les médias sociaux, qu'elles soient présentes ou pas. Par conséquent, il devient essentiel de pouvoir mesurer et analyser ce qui se passe pour une marque et une entreprise sur ces médias sociaux.
- #4 : l'explosion du Web Mobile : l'utilisation de plus en plus importante des téléphones "intelligents" comme les iPhones change radicalement la façon de naviguer, d'acheter et de consommer du contenu sur Internet. Les sites Web devront s'adapter à cette nouvelle donne en proposant des interfaces plus épurées et efficaces.
- #5 : l'homogénéisation des différences de fonctionnalités entre les différents éditeurs de solutions : le débat évolue déjà vers des aspects plus qualitatifs comme la qualité du service après-vente, la simplicité d'utilisation, la possibilité d'influencer sur la roadmap produit, la facilité d'intégration avec d'autres sources de données et la propriété des données collectées sur les visiteurs.
De manière plus spécifique, j'apporterai une attention toute particulière aux sujets suivants en 2010 :
- #1 : le match Adobe - Google : après avoir dépensé 1,8 milliards de dollars pour acquérir Omniture en septembre 2009, je serais très surpris qu'Adobe reste impassible devant Google qui propose, gratuitement (ou presque), avec son produit Google Analytics des fonctionnalités de plus en plus proche de SiteCatalyst, la vache à lait de la gamme des produits Omniture.
- #2 : le match Microsoft - Google : après l'échec du projet Gatineau, Microsoft va t-il réorienter ses efforts et sa force de frappe marketing sur la solution Yahoo Web Analytics (ex IndexTools) dans le cadre du partenariat avec Yahoo ? Voilà qui pourrait beaucoup changer la donne pour Yahoo Web Analytics qui reste encore peu utilisé en dépit de fonctionnalités intéressantes.
- #3 : les prochaines acquisitions : après l'acquisition de 1,8 milliars de dollars d'Omniture par Adobe (pour un chiffre d'affaires annuel entre 350 et 400 millions de dollars), les fonds d'investissement derrière Coremetrics et Webtrends doivent avoir une grande tentation de remporter le pactole en revendant ces entreprises au prix fort. Par ailleurs, les géants informatiques comme IBM, Microsoft, Oracle et SAP (Business Objects) vont difficilement pouvoir se passer longtemps d'une solution de Web Analytics dans leur portefeuille produits compte tenu des enjeux stratégiques au niveau du commerce multicanal. A cet égard, Unica qui propose des solutions intégrées de gestion des campagnes on-line et off-line, avec leur propre solution de Web Analytics, est aussi une cible pour une acquisition.
- #4 : la course pour le leadership européen : 3 acteurs en Europe sortent du lot avec des ambitions à l'international : AT Internet (France), Webtrekk (Allemagne) et NedStat (Pays-Bas). AT Internet semble avoir pris de l'avance grâce à une levée de fonds de 4 millions d'euros, au recrutement de Nicolas Babin, ancien directeur de la communication de Sony Europe, à l'ouverture de bureaux en Chine, au Brésil et au Canada, ainsi qu'à la nouvelle version "NX" d'Analyzer. L'année 2010 nous dira si cette avance est confirmée.
- #5 : l'environnement juridique du Web Analytics : après les déclarations de l'équivalent de la CNIL en Allemagne comme quoi Google Analytics viole la loi sur la protection des données et la décision du parlement européen d'encadrer l'utilisation des cookies dans le cadre de la législation ePrivacy, les entreprises et les éditeurs de solutions de Web Analytics devront être de plus en plus prudents et transparents au sujet des données personnelles collectées sur leurs sites.