Pour la 4ème année consécutive, AT Internet a organisé sa conférence client annuelle intitulée le « Online Intelligence Forum » le 16 octobre 2013 à Paris, événement auquel j’ai eu l’occasion de participer toute la journée.
L’année dernière, Mathieu Llorens, Directeur Général, avait officiellement lancé la nouvelle solution « Analyzer III » (voir le compte-rendu sur mon blog http://www.nicolasmalo.com/web_analytics_ecommerce_f/2012/10/lancement-analyzer-3-at-internet-paris.html), en précisant qu’il ne s’agissait que d’une première étape où l’on avait avant tout refait de fond en comble le moteur (= la méthodologie de collecte et de traitement des données) sans toucher à la carrosserie (= l’interface) en prenant une voiture comme analogie.
J’étais par conséquent impatient d’assister à cette nouvelle édition afin de pouvoir découvrir les changements du côté de la carrosserie !
Mathieu Llorens a introduit la journée en révélant quelques chiffres clés sur AT Internet : 16 M € de CA prévus pour 2013 (+18 % par rapport à 2012), 45 % du CA à l’international (contre 30 % en 2012) et plus de 170 collaborateurs. Une levée de fonds de 6,25 M € a été réalisée au milieu de 2013, sachant que les fondateurs de l’entreprise restent majoritaires. 1,7 M € ont aussi été obtenus en recherche et développement dans le cadre d’un appel à projet national. Ces moyens supplémentaires permettent de renforcer l’équipe de développement, l’équipe de consulting et d’ouvrir des bureaux à l’étranger (Brésil, Russie et Asie du Sud-Est) tout en gardant les mêmes fondamentaux, à savoir : innovation et qualité, vision industrielle long terme et focus client.
Au niveau du marché, Mathieu Llorens a reconnu que beaucoup de buzz est effectué actuellement autour de la donnée (big data, etc..), voir un peu trop. Du coup, on assiste souvent à une « course à l’armement » avec des systèmes très ambitieux, où l’on souhaite tout stocker, tout mouliner et où on ne trie plus rien. Du coup, ces projets sont souvent trop ambitieux, trop chers et trop holistiques, alors qu’il faut plutôt avoir une approche humble et pragmatique sur ces sujets. Par exemple, beaucoup de buzz est fait au niveau du suivi multicanal / omni-canal / cross-canal, alors que dans la réalité des contraintes et limitations existent au niveau de l’infrastructure, de l’utilisation de cookies et de protection de la vie privée.
Dans le cas d’AT Internet, Mathieu Llorens préfère concentrer les actions de son équipe autour de réponses concrètes à des problèmes réels :
- 1er problème concret : la logistique des données, qui ne
parviennent pas au bon endroit, ou pas assez vite ou pas en bonne forme. Pour y
répondre, AT Internet a amélioré considérablement son API et est en train de
développer une nouvelle fonctionnalité de tableaux de bord personnalisés,
- 2ème problème concret : le « multi-device », où il est nécessaire à la fois d’avoir une vision consolidée et une vision granulaire par typologie d’interface (PC, tablette, smartphone, etc…). Face à ces problématiques, AT Internet va bientôt mettre à disposition une nouvelle dimension avec la typologie d’interface, qui permettra de segmenter par « device » ainsi que d’avoir une vision unifiée « multi-device ». Cette nouvelle dimension sera disponible dans l’outil de segmentation, Data Query et le nouvel outil de tableaux de bord.
Après l’introduction de Mathieu Llorens, Stéphanie Legrand, Chef de produit et Florian Chansigaud, Consultant Digital Analytics Senior, ont présenté les différentes typologies d’analyse nécessaires pour une stratégie digitale mobile. 3 grands types de formats : applications, responsive design et web apps. Quel que le type de format, il est nécessaire de remettre l’utilisateur au centre (voir les travaux de Luke Wroblewski sur « Mobile First » http://www.lukew.com/ff/entry.asp?933).
Marion Joffre, Chef de produit et Gérald Bignonneau, Directeur R&D et Solution Designer ont continué en présentant les différentes possibilités de l’utilisation de l’API en fonction des besoins : tout d’abord par les consultants AT Internet pour des besoins spécifiques, Data Query pour un accès complet aux données par une interface Web et l’API en direct pour les exports de données vers d’autres systèmes.
Vincent Morin, Responsable Grands Comptes et Guillaume Ballet, Solution Designer, ont partagé différents cas d’utilisation des données analytiques pour améliorer la performance digitale, comme par exemple la relance par Email ou par téléphone des personnes ayant abandonné un processus de souscription d’une assurance. Dans le cas de l’e-commerce, les données analytiques permettent de proposer le bon up-sell et cross-sell en fonction du visiteur. Dans le cas de la banque, l’identification des principales actions réalisées sur un espace client permet de proposer ensuite des offres plus adaptées.
Après la pause déjeuner avec des grands crus et du champagne, Cédric Ferreira, Directeur Marketing Produit et Sébastien Carriot, Directeur des Technologies ont présenté les prochaines évolutions prévues des solutions d’AT Internet.
Juste après leur présentation, j’ai eu l’occasion d'interviewer Sébastien et Cédric afin de creuser plus en profondeur les principales annonces de l’après-midi.
1. Quel est votre fil conducteur au niveau du développement des produits ?
Sébastien Carriot : Nous essayons de ne pas nous faire influencer par les effets de mode, comme par exemple les suites marketing avec l’AB Testing, le Bid Management, l’Emailing ou de l’Adserving. Nos fondamentaux sont dans la mesure et l’analyse décisionnelle, et non pas dans l’automatisation de la chaîne marketing. Notre vision est plutôt de donner facilement accès à nos données par l’API afin que nos clients puissent développer leurs solutions ou bien utiliser nos passerelles avec notre cinquantaine de partenaires (AB Testing, Emailing, Tag Management, Adserving, sondage en ligne, plateformes CRM, etc… ). Nous croyons aussi énormément dans la collaboration avec l’ensemble de l’éco-système Internet qui comporte déjà des solutions très pointues sur le marché.
Cédric Ferreira : Ce n’est toutefois parce que quelque chose est nouveau que nous n’allons pas le faire si cela à un sens par rapport à ce que l’on considère être notre métier. Par exemple, nous avons investis beaucoup d’efforts récemment sur la mesure « multi-device », une demande récurrente de nos clients.
2. Comment sont établies vos priorités au niveau de la stratégie produit ?
Cédric Ferreira : L’équipe marketing produit est autonome de l’équipe développement depuis février 2013. Notre rôle est d’effectuer un compromis entre les besoins des clients principaux et la stratégie commerciale, notamment au niveau international. Par exemple, sur le marché brésilien où nous avons actuellement un fort développement, nous sommes à l’écoute des forces commerciales locales pour s’adapter aux besoins spécifiques du pays. En Allemagne, nous avons beaucoup de demandes de mesure du « Rich Media « , qui bénéficient ensuite aux clients des autres pays. Nous suivons aussi de près les fonctionnalités proposées par les autres éditeurs.
Sébastien Carriot : Nous sommes toujours très friands d’innovation en cherchant des fonctionnalités qui n’existent pas ailleurs et que nous pourrions proposer en exclusivité à nos clients. A ce sujet, un de nos projets de « Big Data » a été sélectionné par le Ministère de l’Economie Numérique en tant que projet d’innovation, ce qui nous amène à travailler de manière proche avec les équipes du LaBRI (Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique). 3 grands aspects font partie de ce projet de recherche : 1. la performance pour accélérer le traitement de données, 2. la fouille de données avec des algorithmes et 3. La data visualisation sur un très grand nombre de données.
3. Quels ont été les principaux lancements depuis le dernier Online Intelligence Forum en octobre 2012 ?
Cédric Ferreira : Tout d’abord, nous avons lancé un mécanisme intelligent de cache des données pour avoir des performances optimales sur les requêtes API à la fin de 2012. Nous pré-calculons les données et les indicateurs en fonction des requêtes passées. Ensuite, nous avons mis en place en mars 2013 une nouvelle infrastructure qui permet de collecter les données au plus proche des utilisateurs, ce qui est clé dans notre développement international. Nous pouvons aussi proposer de manière optionnelle de collecter les données depuis un « cloud » avant d’être envoyées sur notre data center principal en France. En juin 2013, nous avons lancé la segmentation visiteurs sur la base de cohortes, ainsi que une nouvelle version de Data Manager qui est plus simple à utiliser et à déployer grâce aux variables conditionnelles. En juillet 2013, nous avons finalisé l’enrichissement de notre API avec notamment les données Rich Media et les informations sur les commandes (Sales Tracker).
Sébastien Carriot : Cela résume effectivement les 4 grands blocs lancés depuis un an, sachant que nous avons déployé au total de quarantaine de nouvelles fonctionnalités et de nouveautés.
4. Quelles sont les principales annonces de l’événement d’aujourd’hui ?
Sébastien Carriot : Nous avons fait 4 grandes annonces. Tout d’abord, la segmentation multi-écrans (« multi-device »), qui va être lancée d’ici la fin de l’année 2013. Elle permettra d’apporter une nouvelle dimension d’analyse en fonction du terminal du visiteur (PC, tablettes, smartphones, smart TV et consoles), qui sera totalement standard dans l’outil et donc proposée en analyse dans Analyzer III et dans l’API / Data Query. Il sera ainsi possible de segmenter n’importe quelle analyse sur cette nouvelle dimension. Nous utiliserons la base de référence WURFL pour créer automatiquement la correspondance avec la bonne typologie de terminal. Nos clients auront ensuite la possibilité, dans un deuxième temps, de créer leurs propres catégories de « device ».
Cédric Ferreira : Nous avons aussi annoncé la capacité à créer ses propres dimensions personnalisées d’ici la fin de l’année 2013. Nos clients pourront aussi créer un objet qui rassemble plusieurs dimensions (par exemple : ID Client / CSP / Age / Sexe / Lieu de résident reliés à la dimension Client ou bien Article / Auteur / Titre / Date de publication). Ces objets pourront être utilisés sur l’ensemble des sites, applications, versions linguistiques, etc… La grande différence avec les indicateurs personnalisés actuels (x1, x2, etc..) est qu’il n’y aura pas de limite au niveau de la création des dimensions, les classifications de dimensions dans un objet et une portée de cet objet inter-sites. La portée des dimensions personnalisées pourra être définie non-seulement au niveau de la page, de la visite, mais également au niveau d’autres types événements (clic, lecture de fichier vidéo, scroll, chargement d’une publicité). L’objectif des dimensions personnalisées est de permettre la flexibilité de notre solution vis-à-vis des différents besoins clients.
Sébastien Carriot : Notre deuxième génération d’API sera aussi déployée progressivement jusqu’en juin 2014. Elle permettra notamment de minimiser le nombre d’appels nécessaires à l’API pour extraire le bon jeu de résultats avec un langage de requête assez flexible pour récupérer les données en un seul appel. Cette API sera en mode lecture uniquement pour l’année 2014. Toutes les nouvelles interfaces qui sont en cours de création reposent intégralement sur cette API. Data Query suivra les évolutions de l’API au fur et à mesure.
Cédric Ferreira : Et pour finir, nous avons présenté en avant-première la version alpha de notre nouvel outil dédié à la création et à la visualisation de tableaux de bord sur mesure. Ce nouvel outil s’appuie à 100 % sur la dernière génération de l’API ainsi que sur les dernières technologies HTML 5 / CSS3, qui permet de garantir la comptabilité de la visualisation avec l’ensemble des écrans (PCs, tablettes et smarphones) et des systèmes d’exploitation (iOS, Android, Windows 8, etc..). L’utilisateur peut ajouter des représentations graphiques efficaces et innovantes par simple glisser-déposer, et ainsi construire son tableau de bord au pixel près. Les couleurs et les logos de l’entreprise pourront être personnalisés. Notre objectif est clairement de fédérer les utilisateurs autour de la donnée analytique via des interfaces attractives et personnalisées en fonction de la typologie d’utilisateurs.
5. Quels sont les nouveaux éléments qui vont être disponibles de manière standard pour tous les clients ?
Cédric Ferreira : La segmentation « device » vient compléter les fonctionnalités de segmentation existante dans Data Explorer. L’API fait aussi partie des fonctionnalités standard de Data Explorer sous réserve d’un usage standard. Pour les dimensions personnalisées et le tableau de bord, le modèle de pricing est en cours d’élaboration et sera communiqué lors du lancement officiel.
Sébastien Carriot : De manière générale, nous essayons de fournir un maximum de nouvelles fonctionnalités si possible en standard dans notre solution dont le tarif n’a pas évolué depuis plusieurs années. Les nouvelles fonctionnalités qui arrivent peuvent être lourdes à gérer techniquement. Afin de ne pas dégrader le service pour tous les utilisateurs, nous pouvons être amenés à avoir un pricing particulier pour des usages plus particuliers.
Captures d'écran du nouveau outil de tableaux de bord sur mesure